Jean Zoungrana était de passage en Bretagne et plus précisément à Cesson-Sévigné début décembre. Le président de la Fédération Française de Canoë Kayak a pris le temps de balayer toute l’actualité de sa discipline en exclusivité pour Ti Sport. Il a notamment évoqué les JO de Tokyo et ceux de Paris dans moins de trois ans maintenant.
Quelle relation avez-vous avec la Bretagne ?
Je suis très attaché à cette région. J’ai commencé à naviguer à Guingamp en 1968. C’est là où j’ai aussi formé mes premières armes de bénévole avant d’être président du comité régional de Bretagne de 2012 à 2016 et d’être élu ensuite président de la FFCK. Cesson a vraiment un statut particulier au sein de notre fédération et il y a ici un centre d’excellence avec un Pole Espoir et un Pole France. Les sportifs ont la chance d’avoir de belles infrastructures ici et aussi des bons établissements scolaires, de quoi se loger, etc. Pour notre fédération, le Pôle de Cesson est vraiment un site d’excellence. Je suis souvent présent à leurs côtés et je leur apporte un soutien continu.
Quel regard portez-vous sur les performances des sportifs bretons ?
C’est difficile, car je suis à la fois breton et président de la Fédération. Il faut reconnaitre que la Bretagne, de manière générale, contribue aux excellents résultats des jeunes et moins jeunes, que ça soit au niveau national ou international. C’est aussi la région qui a le plus de licenciés et elle participe au développement important de nos sports de pagaie.
Qu’avez-vous envie de retenir des Jeux de Tokyo ?
En termes de résultats, on est bien sûr en deçà de nos attentes. Les raisons sont multiples. C’est d’abord lié à des aspects conjoncturels avec l’impact du Covid, puisque les règles pour s’entrainer avant les Jeux n’étaient pas les mêmes en fonction des pays. Il y a aussi des facteurs liés aux stratégies d’entrainements, qu’on peut toujours améliorer. Au terme de cette olympiade, on peut quand même saluer la très belle performance d’Adrien Bart aux Jeux Olympiques (4e en C1 1000m). Mais une chose est sûre, on va vers une reconfiguration de notre organisation pour Paris 2024.
« À Paris, on aura une ferme volonté de prendre notre revanche par rapport à Tokyo »
jean zoungrana
Quel rapport avez-vous avec les athlètes membres de la FFCK ?
Avec le Covid, j’ai essayé dans un premier temps d’échanger avec certains athlètes pour voir l’impact réel du confinement sur leur préparation pour les Jeux Olympiques. J’avais noté des impacts en termes de motivation avec une certaine perte de sens sans vraiment savoir si les JO auraient lieu. Certains faisaient aussi état d’une situation de stress. Beaucoup allaient s’entraîner très tôt le matin pour pouvoir continuer à pratiquer leur discipline.
Sinon, lors des compétitions, j’essaye d’avoir des relations avec eux. On échange. Après les Jeux, on a aussi pris le temps de faire le tour de nos encadrements en réalisant des entretiens individuels avec les entraineurs et les athlètes pour faire le bilan de l’olympiade afin de préparer au mieux Paris 2024.
Justement, vous parlez de Paris 2024, quels seront vos objectifs ?
On doit absolument réussir à concrétiser les objectifs de médailles. On sera à domicile et on a une ferme volonté de prendre notre revanche par rapport à Tokyo. Quand on regarde les résultats de nos slalomeurs, Martin Thomas (en C1) et Boris Neveu (en K1) ont tous les deux réalisé une très belle demi-finale en terminant respectivement 1ers et 2e, avant d’échouer à réussir à prendre une médaille (5e et 7e de la finale) alors que c’était le même parcours. Puis quelques semaines plus tard, Boris s’est offert le titre mondial. Les facteurs à prendre en compte pour réaliser une belle performance en slalom sont nombreux et les courses sont plus aléatoires qu’en sprint.
Nos atouts en sprint sont d’ailleurs clairs avec Adrien Bart qui peut aller chercher une médaille voire même le titre. On a de nombreuses possibilités de médailles en équipages. Pour ce qui est du slalom, je pense qu’on a un potentiel très important. Surtout en kayak et en canoé chez les hommes et pour le canoë dame. Il y a des ressources importantes et dans certaines catégories, on a même énormément de densité et la concurrence est forte. En canoë par exemple, on a l’embarras du choix avec Nicolas Gestin, Denis Gargaud Chanut, un jeune comme Mewen Debliquy, etc. Aujourd’hui, c’est très difficile de savoir quels athlètes seront à Paris en 2024.
Que pensez-vous de cette forte concurrence ?
Je crois que cette densité est tout à fait positive et la Bretagne y participe grandement. On a de jeunes athlètes comme Titouan Castryck qui sont en capacité de jouer. Pour certains, 2024 va être un petit peu court, mais c’est la relève pour 2028 et 2032. Au-delà des disciplines olympiques, il ne faut pas non plus oublier la descente. Nos descendeurs ont performé aux derniers Mondiaux.