Médaillée d’argent sur le 800m lors des Championnats de France en salle disputés il y a dix jours à Miramas, Agathe Guillemot fait partie des jeunes pépites de l’athlétisme tricolore. Pour Ti Sport, elle est revenue sur son actualité du moment.

Elle tient sa première médaille chez les Élites ! Passée dans la catégorie supérieure cette année, Agathe Guillemot est néanmoins arrivée sur ces Championnats de France avec énormément d’ambition. Sa volonté féroce de toujours être à l’attaque lui a une nouvelle fois permis de monter sur le podium d’un grand Championnat. 

Après une course parfaitement gérée, la licenciée du Haute Bretagne Athlétisme a terminé 4e de la finale du 800m, derrière une étrangère (la Norvégienne Amanda-Marie Froynes, qui ne pouvait donc pas être médaillée) et une athlète disqualifiée (Noélie Yarigo). Finalement vice-championne de France sur cette distance, Agathe continue d’impressionner le monde de l’athlétisme. Également 11e du 1 500m — couru quelques minutes après son podium du 800m, elle est toujours animée par cette hantise de la défaite. Un sentiment qu’on ressent bien dans les propos qu’elle nous a accordés. Interview.

Tu termines 4e de la finale du 800m avant de finalement être vice-championne de France. Comment as-tu vécu ce rebondissement ?

Dans la dernière ligne droite, quand j’ai vu qu’il y avait une fille qui me dépassait, j’ai jeté un coup d’œil et je me suis rendu compte que c’était une athlète étrangère. Je savais aussi qu’une Française était tombée donc que j’allais gagner une médaille. J’ai savouré l’instant, car c’est ma première médaille chez les Élites. 

Je pensais finir troisième française, puis quand on a été sur le podium, on nous a dit qu’il y avait eu des réclamations. D’un coup, je me suis mise à stresser, car on se dit toujours que ça peut être une erreur de notre part. J’ai commencé à demander à tout le monde quelle coureuse était concernée, mais on ne savait pas. Finalement, on nous a libérés puis rappelés après pour le podium. En attendant, j’étais assise en tribune, j’ai revisionné la course et j’ai vu que je n’avais rien à me reprocher. Je ne voyais rien non plus de flagrant chez mes concurrentes. 

Finalement, la deuxième (Noélie Yarigo) a été disqualifiée pour avoir fait tomber une autre athlète. J’étais forcément rassurée que le problème ne vienne pas de moi, même si on ne peut jamais se réjouir du mal des autres. C’était une finale à rebondissements et j’étais déjà ravie de gagner une médaille. Après, je suis bien évidemment très satisfaite d’avoir cette médaille d’argent !

« Tout ce que je voulais, c’était la médaille »

AGATHE GUILLEMOT se préoccupait peu de ce record

Tu bats en plus ton record personnel (2’06«35)…

Franchement, sur une finale de grand Championnat, je ne pense pas trop au chrono, mais surtout à ma place dans le classement. J’entends mon entraîneur me dire au 400m qu’on était parties vite. C’est vrai que si je n’avais pas eu cette information, j’aurai peut-être pu accélérer un petit peu plus. Après il y avait aussi le risque de se cramer et de plus avoir assez de jus dans la dernière ligne droite et me faire avoir. Je me suis donc dit de calmer un peu le rythme et de rester dans le paquet. On sait que ça peut exploser devant ou derrière. 

Mon raisonnement était donc très clair et je me suis dit « ça va le faire tout seul, tu n’as plus qu’à courir ». Cette pensée m’a donné raison puisqu’il y a ensuite eu cette chute, j’ai doublé comme je le pouvais et dans la dernière ligne droite, j’étais assurée de ma médaille. J’ai donc un petit peu coupé mon effort et même à l’arrivée, je ne savais même pas que j’avais battu mon record. Ça reste néanmoins une très bonne nouvelle, sans être non plus une surprise. C’était presque logique. Après, je le redis, mais tout ce que je voulais, c’était la médaille. Le record, c’est du bonus !

« J’ai vu que j’étais capable d’être constante donc ça reste intéressant à analyser »

AGATHE GUILLEMOT, sur son expérience du 1 500m

Tu as terminé 11e du 1 500m, qu’est ce qui te manque encore pour jouer les premiers rôles sur cette distance ?

Il y avait déjà la fatigue du 800m et j’étais aussi dans l’euphorie de ma médaille. Pour vous raconter un peu les coulisses de mes deux courses, je franchis la ligne d’arrivée du 800m puis j’arrive au protocole pour le podium avant qu’il soit reporté à cause des réclamations. Le podium ne se fait donc pas, mais je ne suis pas autorisée à partir, je dois donc rester assise dans les tribunes. J’ai eu ce long moment de latence sans bouger. 

On fait ensuite le podium à 16h et 10 minutes plus tard, je suis en chambre d’appel. Je n’ai même pas eu le temps de manger ou de faire un footing de récupération. Je n’étais pas dans les meilleures dispositions, alors je demande à mon coach « dis-moi quelque chose, je suis perdue ». Je participais à mon premier 1500m chez les Élites, ce n’était quand même pas rien. J’avais encore mes fleurs et ma médaille autour du cou et mon entraineur me répond de faire les premiers 500m en restant derrière en mode échauffement, puis de me replacer avant de tout donner dans les derniers 500m. 

Ça s’est passé comme prévu jusqu’au 1000m. J’étais alors en milieu de peloton, mais à ce moment-là par contre, il y a eu l’emballage final et j’ai tout de suite senti que je n’avais plus d’accélération possible. J’ai vu les filles de devant partir et je finis finalement 11e. C’est toujours une expérience bonne à prendre surtout que j’ai vu que j’étais capable d’être constante donc ça reste intéressant à analyser. 

« Je veux souvent trop en mettre dès le départ »

AGATHE GUILLEMOT, sur sa manière de courir

Si on prend un peu de recul, en juillet dernier, tu avais signé un magnifique doublé aux Championnats de France jeunes (1ere sur le 400m haies et sur le 4x100m). Là tu confirmes encore cette fois sur le 800m et en plus chez les Elites. Comment juges-tu ta progression ?

Cet hiver a été bon, même si la préparation a été bizarre puisque je me suis blessée en octobre et que ça a changé les plans de départ. Je ne pouvais pas faire un schéma classique, car j’avais une fracture de fatigue au pied. Mais j’en ai aussi profité pour me donner à 100% sur le vélo en repoussant toujours mes limites. C’est ça qui m’a permis de progresser malgré tout pendant cette blessure. Je souhaitais continuer d’avancer malgré cette blessure et j’ai pu travailler sur le foncier d’où ma présence sur le 1500m. 

Maintenant, il va falloir que je travaille ma vitesse, car je me fais souvent doubler en fin de course. Je vais reprendre un entrainement plus classique. Mes récents résultats m’ont mis en confiance pour être au niveau pour les grands Championnats séniors sur le 800m avec peut-être aussi le 1500m. J’ai bien aimé les trois 1500 que j’ai fait cet hiver, c’est une allure sympa, même si je trouve toujours le début de course assez long. Ça me permet de me canaliser un petit peu en étant plus patiente. Je veux souvent trop en mettre dès le départ. Cette médaille m’a en tout cas reboosté encore plus. 

Quelle est la suite de ton programme ?

Je vais participer aux Championnats de France de cross avec le HBA (Haute Bretagne Athlétisme) ce week-end. Je fais ça pour l’équipe et le club en espérant qu’on fera le meilleur résultat possible. Après, la saison d’athlétisme en extérieur va reprendre avec les interclubs puis les Championnats de France fin juin. Je souhaite me rapprocher des minimas pour les Championnats d’Europe Seniors sur le 800m. Ça sera mon objectif principal et c’est à moi de franchir chaque palier au fur et à mesure.

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