Licenciée à l’Athlétic Club Cessonnais, Marie Duvigneau est une spécialiste du 400m plat. Sacrée championne de France Espoirs pour la première fois de sa carrière dimanche à Caen, la Bretonne ne manque pas d’ambition. Portrait.
Née dans une famille d’athlètes, Marie Duvigneau était prédestinée à performer sur les pistes. Son père, Dominique, médaillé à de nombreuses reprises au niveau international sur le 400m haies, est un mordu d’athlétisme. Sa mère l’est tout autant, et son grand frère, Alan, a également pris le même chemin. Alors, quand la petite Marie décide de se mettre au tennis dès l’âge de 4 ans, son choix parait forcément étonnant : « C’est vrai qu’au début, on a fait deux sports différents avec mon frère. Lui faisait du foot et moi du tennis » explique la Cessonnaise. Mais malgré son statut de très bonne joueuse de tennis, puisqu’elle faisait partie du top20 français entre ses 8 et 12 ans, elle fait le choix à 14 ans d’arrêter de taper la petite balle jaune. Avant un petit trou d’air.
L’athlétisme, comme une évidence
Hyperactive de naissance, l’ancienne tenniswoman se rend compte qu’elle ne peut pas rester sans rien faire : « En arrêtant les entraînements et les matchs, je ne faisais plus rien. Je m’ennuyais. Alors, à force de suivre mes parents et mon frère au stade d’athlétisme, j’ai commencé à courir. » Et c’est le déclic. Marie décide de suivre les traces de sa famille en décidant de concourir sur le 400m plat. La même discipline choisie un an plus tôt par Alan.
Depuis la catégorie cadette 1, l’athlète de l’Athlétic Club Cessonnais a également la particularité d’être coachée par son père. Un vrai avantage d’après la principale intéressée : « On me demande souvent si ce n’est pas trop dur d’être entraîné par son père, mais au contraire, c’est génial ! J’ai une vraie confiance en lui et je suis très heureuse d’avoir aussi cette relation père/fille et coach/athlète ». Le papa doit en tout cas être très fier de sa fille, qui vient de réaliser une magnifique performance lors des Championnats de France Espoirs disputés à Caen le week-end dernier.
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Caen, le déclic
Il y a des compétitions qui marquent la vie d’un athlète. Alors, quand on connait le tempérament et l’ambition de Marie, on se dit qu’elle ne s’en satisfera sûrement pas, mais quelle performance ! Médaillée à plusieurs reprises lors de compétitions universitaires lors de ces cinq dernières années, la Cessonnaise avait également remporté un titre de champion de France par équipe mixte sur 400m en 2019. Victorieuse en relais, elle souhaitait également goûter aux joies d’un premier titre individuel au niveau national. Et c’est donc désormais chose faite.
Petit retour en arrière, nous sommes le dimanche 4 juillet 2021, au stade Hélitas de Caen, Marie s’apprête à disputer les séries du 400m. Elle raconte : « Je savais que j’avais le quatrième meilleur temps de la start-list de départ et je voulais à tout prix gagner ma série. C’est ce que j’ai réussi à faire même si le chrono n’était pas forcément très bon. La finale était très ouverte, car on était proches en termes de niveau. J’avais ma chance de réussir un podium. Je crois que j’ai sorti ma carte poker et j’ai tout donné sur cette course ». De toute manière, la coureuse n’est pas du genre à compter, elle qui avait malheureusement été éliminée dès les séries des Championnats de France Élites il y a quinze jours.
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Un premier titre majeur en individuel
Alors, cette finale chez les Espoirs ne peut pas lui échapper. Son objectif, avoué à demi-mot, est de devenir championne de France. Et elle a mis toutes les chances de son côté : « Je voulais qu’aucune fille ne soit devant moi. Je voulais prouver à moi et à tout le monde que j’étais meilleure qu’elles. Je ne suis pas parti la plus vite et j’étais même loin après 200m, mais ensuite ça m’a alerté et j’ai vite relancé avant de tout donner lors des 100 derniers mètres. C’était sûrement la meilleure fin de course de ma jeune carrière ». Une dernière ligne droite rondement menée pour doubler Anastasya Delbe (Annecy Athlétisme) et battre son record personnel vieux de deux ans de 14 centièmes en 54«46.
Marie Duvigneau est la nouvelle championne de France Espoirs du 400m plat. Un excellent résultat qui lui vaut d’ailleurs de tomber dans les bras de son père ou de son coach, c’est comme vous préférez, à l’issue de son très beau succès. Elle qui se plaignait de « galérer toute la saison avec un chrono de 55 ou 56 secondes » bien loin de ses attentes.
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Les Jeux à la maison…
À seulement 21 ans, Marie Duvigneau a encore un très bel avenir devant elle. Et ce ne sont pas tous ses nombreux supporters qui lui ont rendu hommage sur les Réseaux Sociaux qui diront le contraire. Même si le bouchon de champagne n’a pas volé très haut dans le Stade Roger Belliard de Cesson ce lundi au moment où toute sa famille était réunie pour fêter ce succès. Ceci reste anecdotique pour les Duvigneau, forcément très heureux du succès de celle qui compte rapidement recourir dans les prochaines semaines.
Toujours très ambitieuse, l’athlète sera le 17 juillet prochain au départ du 400m de l’Open de France disputé en région parisienne. Désireuse de s’aligner également sur le 200m, la fille de Dominique aimerait suivre les traces de ce dernier en s’alignant sur le 400m haies : « Je ne connais pas bien la tactique de course et je sais qu’il faut compter son nombre de foulées, mais pourquoi pas se tester sur cette discipline ». Le même pourquoi pas quand elle a découvert pour la première fois l’athlétisme, et moins de six ans plus tard, la voilà donc auréolée d’un tire de championne de France dans sa catégorie d’âge.
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…avant de devenir podologue ?
Alors, l’ambition de Marie reste élevée. Si Tokyo 2020 était un objectif trop précoce, elle ne se cache pas pour dire qu’elle souhaiterait participer aux Jeux Olympiques à Paris en 2024 :«Ça reste un super projet, même si c’est un objectif très élevé. Si on ne se fixe pas de but comme celui-ci, ça ne sert à rien de courir. » La preuve encore une fois du mental de gagnante de l’ancienne étudiante au Lycée Sévigné. En parallèle de ses projets sportifs, Marie vient d’être diplômée pour être podologue à l’avenir. Une tête bien faite et une foulée bien rodée, voici la recette parfaite d’une grande championne. Qui ne demande qu’à marcher sur les pas de son illustre ainé. Un certain Dominique.