Après une première course probante sur longue distance (3e à Dubai), Pierre Le Corre est revenu pour Ti Sport sur son actualité chaude du moment. Le Breton espère réaliser une grande saison en prenant un maximum de plaisir sur chaque épreuve.
L’année 2021 avait été une galère. Une longue blessure, une absence dans la liste pour les Jeux Olympiques de Tokyo et une saison quasiment blanche. La réflexion s’était alors installée et Pierre Le Corre avait abordé avec Ti Sport son envie de s’essayer au triathlon longue distance. Un projet qui a pris forme et qui permet au Breton de débuter l’année 2022 sous les meilleurs hospices. Troisième à Dubaï pour son premier Ironman 70.3 (Half Ironman), il est revenu dans nos colonnes sur ses premières sensations sur ce nouveau format, ses ambitions et son avenir sur courte distance. Entretien.
Pierre, tu as couru ton premier Half à Dubaï début mars en montant sur le podium. Est-ce que ça t’a confirmé dans ton envie de te mettre à la longue distance ?
Oui carrément ! Ça s’est bien passé, j’arrive à faire un podium sur mon premier Half avec un très joli plateau donc ça me donne envie d’en faire d’autres. J’espère faire trois ou quatre Half cette saison. Il y a beaucoup de choses perfectibles notamment à vélo. J’ai eu de grosses crampes dans les vingt derniers kilomètres, mais c’est de bon augure et je pense que c’est quelque chose qui va très bien me convenir avec mes qualités.
La longue distance est une alternative que j’envisageais depuis un bon moment et ça s’est confirmé avec un très bon résultat dès ma première course. C’est bien parce que c’est une autre discipline et ça n’a rien à voir avec ce que j’avais l’habitude de faire. Maintenant il faut que j’apprenne à me connaitre un peu mieux, j’ai un gros travail à faire sur ma position à vélo et il faut que j’analyse quel type de parcours me convient le mieux. Une fois que j’aurais bien pris mes marques sur la distance, ça ira encore mieux.
« Pour moi, la courte distance c’est beaucoup plus nerveux et stressant »
PIERRE LE CORRE
Quelles sont les différences physiques et psychologiques avec la courte distance ?
Pour les longues distances, l’entraînement est beaucoup plus basé sur l’aérobie. C’est une filière qui nécessite plus de force sur une durée un peu plus longue. La courte distance est plus punch avec beaucoup de relances et de la VMA (Vitesse Maximale Aérobie). Elle est un peu plus complète selon moi et c’est pour ça que beaucoup d’athlètes « courte distance » réussissent très bien sur de la longue distance.
Après je ne dirais pas que la longue distance est plus dure. Enfin, j’ai fait qu’une course (rires), mais par rapport à mon ressenti, j’ai trouvé ça plus facile. On est plus dans l’écoute de son corps et ce type d’épreuve est un contre-la-montre, donc on est plus ou moins seul. On subit moins la course des autres. Pour moi, la courte distance c’est beaucoup plus nerveux et stressant. Là ça n’a rien à voir, la longue distance c’est les vacances à côté de la courte (rires).
Tu recours à Lanzarote ce week-end. Quels sont tes objectifs pour ta deuxième course longue distance ?
Je suis déjà qualifié pour les Championnats du monde grâce à ma belle performance à Dubaï et ça, c’était mon objectif prioritaire. Après l’autre objectif cette saison est de marquer des points sur le classement mondial de la longue distance. Le PTO Ranking comprend les trois meilleures courses de la saison et se fait à la base des chronos et non des positions. Ce week-end, je vais donc essayer d’aller le plus vite possible pour marquer le plus de points. Le résultat sera une conclusion, mais ce n’est pas un objectif.
Les chronos dépendent des courses, en fonction du vent, des conditions, du dénivelé… En prenant ces facteurs en compte, le PTO donne un chrono de référence qui équivaut à 100 points et grosso modo à un potentiel record du monde. Si on fait moins que ce chrono, on marque plus de points et inversement. Moi je vise des gros points.
« J’ai envie de m’amuser un peu plus »
PIERRE LE CORRE
Tu gardes quand même des objectifs élevés pour la courte distance ?
Oui, oui. Je cours ce week-end et après j’attaque la préparation pour la saison de courte distance. Là aussi j’ai l’ambition de jouer le classement mondial WTCS. J’ai envie de jouer sur les deux tableaux. En courte distance, c’est un peu plus compliqué parce qu’il faut courir plus de courses et c’est un circuit et un classement différent. Mais les deux pratiques restent complémentaires donc ça ne peut qu’être positif pour moi.
Cet hiver, j’ai fait une prépa pour le long. L’hiver est plus axé sur des allures un peu plus basses, ce qui convient très bien aux longues distances. Maintenant je vais essayer de faire une bonne prépa pour le court. Après c’est toujours une prise de risque de jouer sur deux tableaux, mais ça a déjà réussi à certains notamment les Norvégiens. De là à être performant sur les deux ranking, c’est un peu plus osé, mais c’est mon objectif.
On te sent très motivé à l’idée d’enchainer les courses…
Oui, j’ai envie de courir cette année parce que je n’ai pas beaucoup couru ces deux dernières années à cause du coronavirus et de ma blessure (ndlr. fracture de fatigue). J’ai envie de m’amuser un peu plus. Pour ma reprise l’année dernière, j’avais fait quatrième à la WTCS d’Abu Dhabi. Là forcément avec ce podium sur le Half à Dubai, ça me donne envie de poursuivre cette belle dynamique. Je vais tout faire pour continuer sur ma lancée !