Damien Kilani est revenu pour Ti Sport sur son parcours et ses plus beaux souvenirs en tant que photographe. Entretien exclusif avec le fondateur de l’agence DK Prod.
Peux-tu te présenter en quelques mots…
Je m’appelle Damien Kilani et je suis l’un des photographes officiels du RC Vannes. J’ai 44 ans et j’ai monté mon agence de photographie DK Prod, il y a une vingtaine d’années. Avant de basculer dans le rugby, je suivais essentiellement l’équitation.
« J’étais en quelque sorte un précurseur dans mon domaine »
Damien Kilani
Comment as-tu débuté la photographie ?
Je suis depuis toujours un passionné de photographie et de sport. Et j’ai donc travaillé pour faire de ces passions mon métier. Je me suis développé dans un premier temps au contact du monde équestre que je connaissais parfaitement puisque j’étais cavalier. Les choses se sont lancées comme ça. J’ai fait des photos lors d’une épreuve de Coupe du monde à Martinvast puis ensuite à La Baule et à Paris. Aujourd’hui, je considère mon métier avant tout comme un plaisir.
As-tu rencontré des difficultés au moment de créer ton agence ?
J’ai envie de dire qu’à mon époque c’était moins difficile. Dans les années 2000, j’ai surfé sur le développement du web et sur l’idée de proposer sur place des photos aux cavaliers. J’étais présent sur les concours et j’imprimais directement les photos pour les proposer. Après j’ai aussi développé sur un site Internet le côté vente de photos aux sportifs. J’étais en quelque sorte un précurseur dans mon domaine puisqu’il y avait très peu de personnes qui le faisaient.
Il y a une vingtaine d’années, nous étions peut-être trois alors que maintenant, il existe des dizaines de photographes si l’on prend en compte les amateurs. Mon entreprise a donc fonctionné dans le temps même si j’ai toujours combiné un autre métier à côté. Le week-end c’était la photographie et la semaine j’occupais un emploi différent. Cette double casquette m’a permis de développer une vision différente du monde.
« J’ai aussi des liens qui se sont tissés avec certains joueurs, je pense notamment à Paga Tafili, Patrick Leafa et même des jeunes que j’ai vus éclore. C’est comme si on cohabitait tous ensemble »
Damien Kilani
Est-ce possible de suivre pleinement un événement sportif lorsque l’on est photographe ?
C’est en effet compliqué. Jusqu’à récemment, je m’efforçais de rester très professionnel sans avoir d’émotions le long du terrain. Mais je ne cache pas que cette saison, il y a souvent un frissonnement à la fin des rencontres. Et puis en tant que photographe, on a le plaisir de vivre les moments forts avec les joueurs.
Quel lien possèdes-tu avec le RC Vannes ?
J’entretiens bien évidemment de très bons rapports avec le RC Vannes. Le club a la chance d’être encore à taille humaine. Tout le monde se dit bonjour et il est facile d’échanger avec les joueurs. Ils sont toujours bienveillants et j’ai l’impression de moi-même faire partie de l’équipe. J’ai aussi des liens qui se sont tissés avec certains joueurs, je pense notamment à Paga Tafili, Patrick Leafa et même des jeunes que j’ai vus éclore. C’est comme si on cohabitait tous ensemble.
« Je pense qu’une belle photo, c’est justement celle qui reste en mémoire, celle qui dit souvenez-vous de ce moment-là »
Damien Kilani
Est-ce qu’un match t’a marqué en particulier ?
Comment ne pas dire la demi-finale à la Rabine contre Biarritz en 2021 ? Quand je suis rentré dans le stade, lorsque j’ai vu le monde dans les tribunes, c’était quelque chose de fou. J’ai des images exceptionnelles des joueurs qui traversent la foule à la sortie du bus. Et aujourd’hui, lorsque je les regarde, j’ai encore des frissons en voyant tous les drapeaux noir et blanc. J’espère que l’on va continuer d’écrire de belles histoires dans les années qui viennent.
Qu’est-ce qu’une belle photo ?
Pour moi, une belle photo c’est celle qui va laisser transparaître toutes les émotions que l’on peut vivre. Je regrette par exemple les photos des joueurs de rugby dans la terre. On a changé d’époque et je n’ai aucun souci avec ça. Mais qu’est-ce qu’elles étaient belles ces photos. Le rugby a offert des moments d’image qui sont quand même exceptionnels. Et je pense qu’une belle photo, c’est justement celle qui reste en mémoire, celle qui dit souvenez-vous de ce moment-là.
« Je pense que lorsque l’on est un amoureux du sport, le XV de France c’est vraiment le Graal »
Damien Kilani
Et quelle est donc ta plus belle photo ?
C’est justement lors de la descente du bus avant la demi-finale face à Biarritz. Un petit enfant est allé checker Hugh Chalmers et la photo raconte plein de choses à la fois. C’était un moment unique qui était plein de tendresse malgré la pression énorme liée au match.
Quelles sont tes perspectives d’évolution ?
J’ai deux objectifs. D’abord, j’aimerais m’occuper une nouvelle fois d’un match de l’équipe de France. J’ai déjà eu la chance de suivre les U20 et les féminines à la Rabine. Maintenant, la continuité serait donc de faire un match de l’élite. Je pense que lorsque l’on est un amoureux du sport, le XV de France c’est vraiment le Graal. Et mon second rêve serait d’aller un jour dans des stades comme celui de La Rochelle ou de Toulouse pour faire des photos en Top 14.