Au bout du suspens, le REC Rugby a décroché le titre de champion de Fédérale 1 et accède directement à la Nationale 1. Une performance exceptionnelle que nous remémore Vincent Brehonnet, entraîneur de l’animation offensive et de la ligne des 3/4 du club. Tout en évoquant également la place du rugby dans notre région.
Que ce fut exaltant ! Après une saison régulière assez exceptionnelle dans la poule 1 (4e avec 81 points), les Rennais se lançaient à la poursuite du bouclier lors des phases finales. Une qualification contre l’AS Fleurantine en huitième de finale, une autre contre Saint-Jean-de-Luz en quart de finale puis celle contre le CA Périgourdin en demi-finale, a permis au club d’arracher un ticket pour la finale d’accession contre le RC Hyères. Dans une finale serrée (15–11), les Rennais ont décroché leur premier titre de champion de fédérale 1 et accèdent pour la première fois de leur histoire à la Nationale 1. Une excellente nouvelle évidemment pour tout le rugby breton. Plongez dans les coulisses de cet exploit avec Vincent Brehonnet.
Que représente cette montée historique pour toi ?
Aujourd’hui, cela nous place au troisième échelon national, dans les 44 meilleurs clubs français. C’est un championnat qui entame sa troisième saison sous ce format et qui est dense, avec des équipes historiques. On aura de belles affiches à Rennes l’année prochaine. Cette montée amène également une accélération de la structure du club à tous les niveaux.
Comment as-tu vécu ces phases finales ?
Sur les derniers matchs, on n’a pas eu une grosse production offensive, c’est surtout notre défense qui a été mise en avant. On a eu des petits soucis sur la conquête du ballon, notamment en demi-finale et en finale. La défense, qui était notre point fort, a pris le relais et c’est ce qui nous a permis de remporter ce titre.
Es-tu satisfait de la production offensive de cette saison ?
Oui, on est la 5e meilleure attaque du championnat en comptant les 4 poules (48 équipes), et on fait partie des équipes qui ont inscrit le plus d’essais. Même si on a rencontré des difficultés lors des phases finales du fait qu’on n’ait pas réussi à lancer notre jeu, c’est un secteur qui a tout de même été performant tout au long de la saison. On a notamment réussi à scorer sur la quasi-totalité de nos temps forts.
« Il y avait cette volonté de réussir ensemble »
Vincent Brehonnet
Selon toi, qu’est-ce qui a fait la différence entre le REC et les autres clubs ?
Je pense que la mentalité des joueurs y est pour beaucoup ! C’est un groupe qui ne lâche rien et qui est hyper déterminé. Les joueurs s’étaient donné l’objectif d’être champions de Fédérale 1 au mois de juillet dernier, et ils y sont parvenus. Au moment où ils se sont qualifiés pour les phases finales, ils n’avaient qu’un seul objectif en tête : soulever le bouclier. Il ne faut pas oublier que c’est un groupe qui se connaît bien, les joueurs se sont rapprochés lors de l’année de covid, car on a pu maintenir les entraînements, et cela a créé du lien. Ils avaient déjà une expérience collective, même sans jouer, qui était importante. Il y avait cette volonté de réussir ensemble.
Qu’est-ce qui qualifie le mieux cette équipe selon toi ?
J’ai rarement vécu dans ma carrière de joueur ou d’entraîneur des émotions aussi fortes avec un groupe. On le voit dans les vidéos du vestiaire qu’il y a de vrais personnages dans cette équipe. Ils sont comme ça au quotidien et c’est ce qui fait la force du groupe. On est persuadé qu’ils vont encore se battre sur le terrain afin de donner une bonne image du club.
Cette montée du REC prouve-t-elle que le rugby commence à avoir une place importante en Bretagne ?
Elle démontre que plusieurs clubs bretons travaillent bien en tout cas. Le RC Vannes a une place très importante dans le rugby professionnel, de même que les filles du Stade Rennais en Élite 1. Aujourd’hui, il est vrai que le rugby évolue en Bretagne, notamment en Ille-et-Vilaine, et c’est en grande partie parce que les clubs s’investissent à fond en recrutant des salariés.
À titre personnel cela fait 6 ans que je suis au club, même si j’ai des racines finistériennes, et je trouve que ça évolue. Maintenant il y a encore du travail… Les autres régions disent que la Bretagne n’a pas une culture rugby, moi j’ai envie de leur répondre qu’au contraire on en a une propre à nous. Certes elle est différente, car elle est accompagnée d’un bagad, du drapeau breton, etc., mais elle essaye d’avoir sa propre identité.
« Je pense qu’il faut déjà montrer de l’humilité »
Vincent Brehonnet
Un dernier petit mot sur le mercato et vos objectifs pour la saison prochaine…
On a plusieurs joueurs qui nous quittent. Je pense notamment à Jacob Botica qui part à Angoulême (Pro D2) et Gaël Dréan qui va découvrir le Top 14 avec Toulon. Savoir que des clubs d’une division supérieure s’intéressent à nos joueurs c’est un signe de reconnaissance avant tout. Maintenant, on a bien travaillé dans le recrutement, on remplace les joueurs poste pour poste avec des profils qui peuvent être différents de ceux qu’on avait avant. On ne va peut-être pas avoir la même qualité de jeu au pied qu’avec Jacob, mais les recrues apporteront tout de même dans le secteur. Pour le reste, il n’y a pas de grands chamboulements.
Pour nos objectifs, je pense qu’il faut déjà montrer de l’humilité. Certes on est champion de France de Fédérale 1, mais on monte de deux étages la saison prochaine (Nationale 1). On va arriver dans un championnat avec de grosses équipes dont certaines qui ont une place forte historiquement. Il faudra prendre les matchs les uns après les autres et essayer de se maintenir le plus tôt possible.