Resplendissant, Pierre Le Corre est probablement dans la forme de sa vie. Le triathlète vannetais s’est confié dans les colonnes de Ti Sport. Il aborde notamment ses plus beaux moments de la saison et son changement d’approche de la compétition. 

Pierre, après une dernière saison tronquée par des blessures, penses-tu connaître un second souffle à 32 ans ?

Alors oui et non parce que j’ai toujours été très compétitif. Le niveau que j’ai actuellement je l’avais déjà la saison passée et même en 2020. Sauf qu’effectivement cette année j’ai fait beaucoup de courses. L’an passé j’avais contracté une fracture de fatigue et je n’avais pu participer qu’à deux compétitions. J’avais quand même obtenu une 4e place sur une série des Championnats du monde. 

Et puis en 2020, il y avait le Coronavirus donc très peu de courses au calendrier. Je pense que j’étais malgré tout en forme lorsque je n’avais pas de soucis de santé. Au final, cette saison j’ai enchaîné les courses sans avoir de blessures et en réussissant à performer. C’est un second souffle dans le sens où je fais une saison pleine même si je considère que mon niveau était déjà le même depuis plusieurs années. 

Quel regard portes-tu sur l’équipe de France aujourd’hui ?

On a une équipe de France qui est hyper compétitive. Pour moi, je pense que l’on est la meilleure équipe au monde en termes de collectif homme/femme. Après attention il y a également les Anglais qui sont présents tout comme les Américains ou les Australiens. Au niveau de la densité et de la qualité, la France a la plus belle équipe. La concurrence est en plus saine. On n’est pas là pour se tirer dans les pattes. On recherche tous la performance ce qui crée une émulation. 

« Sur un Championnat d’Europe aussi médiatisé, pouvoir mettre trois Français sur le podium c’est exceptionnel »

Pierre Le Corre

Tu as réalisé un fantastique triplé aux côtés de Léo Bergère et Dorian Coninx à Munich. Comment te sentais-tu sur le podium ?

C’est une sensation tout simplement incroyable. J’avais déjà fait des triplés français sur d’autres compétitions, mais je ne pensais pas avant de le vivre que l’émotion allait être aussi forte. Sur un Championnat d’Europe aussi médiatisé, pouvoir mettre trois Français sur le podium c’est exceptionnel. Surtout lorsque l’on s’entend très bien entre nous. 

Tu avais pour objectif de briller sur longues distances. Penses-tu avoir rempli tes objectifs ?

Je dois encore progresser, mais je suis quand même ravi de mon entrée sur longue distance cette année. Ça a été à la hauteur de mes espérances puisque c’est ce que je voulais faire et les résultats sont accomplis. En triathlon, il y a 5 titres de champion du monde qui sont délivrés chaque année. Je suis parvenu à en décrocher deux qui sont les moins prestigieux. 

Il en reste trois à aller chercher : le titre de champion du monde Ironman, celui Half Ironman et celui courte distance sur la série mondiale où je suis actuellement 4e. Je vais peut-être participer aux Championnats du monde de Half Ironman fin octobre (le 28/10). J’ai déjà acquis de superbes titres, mais j’aimerais passer à l’étape supérieure maintenant. 

« J’adorerais qu’une étape de Championnat du monde ou une course de niveau mondial se déroule en Bretagne »

Est-ce aussi important pour toi d’avoir terminé sur le podium des Championnats de France avec ton club (Les Sables Vendée) ?

Je suis clairement content de pouvoir revenir sur un podium. Quand j’étais à Montpellier, on a pu le jouer au départ, mais ça faisait plusieurs années que l’on restait au milieu de tableau. Pouvoir jouer les premiers rôles, ça donne du piment à la course. J’ai en plus réussi une très bonne course (3e) à Quiberon sur mes terres. 

J’adorerais qu’une étape de Championnat du monde ou une course de niveau mondial se déroule en Bretagne. C’est l’un de mes rêves et j’y pense de plus en plus. Le public breton est fan des sports d’endurance que ce soit le cross-country, le vélo ou le triathlon. Il y a énormément de monde au bord des routes à chaque fois. C’est vrai que j’aimerais beaucoup apporter une compétition internationale à ma région. 

Quels sont tes plus beaux souvenirs de la saison jusqu’ici ?

Ce sont les deux titres de champion du monde. Sur le relais mixte, c’était un peu inespéré pour moi. On va dire que je ne suis pas à chaque fois dans l’équipe A puisque la Fédération n’estime pas que je suis le plus performant. Et à Montréal j’ai justement eu la chance d’être présent. J’ai fait un très bon relais et le fait d’obtenir le titre de champion du monde, c’était vraiment une consécration pour moi.

« Aujourd’hui je me projette à court terme afin de m’éclater et faire ce que j’aime »

Sur quels axes de progression souhaites-tu travailler ?

On a toujours une marge de progression lorsque l’on est un athlète de haut niveau. J’aimerais m’améliorer un peu à vélo notamment sur la position de contre-la-montre. Après j’essaie de profiter des moments sans me prendre la tête. L’objectif essentiel c’est vraiment de kiffer tout ce que je fais. 

Les JO de Paris 2024 approchent à grands pas. Attends-tu cette compétition avec impatience ?

C’est vraiment rangé dans un coin de ma tête. J’étais remplaçant à Tokyo et ça m’a beaucoup affecté. J’essaie donc de ne pas trop y penser en changeant totalement mon approche de la performance. Aujourd’hui je me projette à court terme afin de m’éclater et faire ce que j’aime. Je ne veux pas tout mettre sur une course qui aura lieu dans deux ans. C’est ce que j’avais fait pour les Jeux de Tokyo et au final je n’avais pas été sélectionné. Ça faisait cinq ans que je préparais cette course en étant compétitif. À ce moment-là, j’étais même classé 12e au ranking olympique et pourtant j’étais le seul du top 40 à ne pas être présent aux Jeux. 

Comment te sens-tu actuellement ?

On peut dire que je vis les meilleurs moments de ma carrière. Je retrouve un peu cette sensation, cette envie que j’avais quand j’ai commencé le triathlon à 19 ans. J’étais dans la découverte, dans l’excitation d’aller courir sans la prise de tête des résultats. Puis il y a eu une sorte de pression avec notamment les JO qui sont un vrai fardeau pour tout athlète qui vise cette compétition. Mais on peut dire que je suis satisfait de ma saison.

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