Quatrième de l’épreuve d’Abu Dhabi sur le circuit WTCS début novembre, Pierre Le Corre a répondu aux questions de Ti Sport. Après plus de six mois de tâtonnement, c’est apaisé que notre ambassadeur a confié son ambition de briller sur les longues distances. Et ce, dès la rentrée.

Pierre is back ! Le triathlète breton, non sélectionné pour les derniers Jeux Olympiques en raison de la forte concurrence en équipe de France — et d’ailleurs blessé pendant un long moment cette année, a fait son retour à la compétition il y a un petit peu plus d’un mois. C’était lors de l’épreuve d’Abu Dhabi. 

Ce vendredi-là de novembre, le Morbihannais avait fait un come back retentissant en prenant la quatrième place derrière notamment Vincent Luis (2e). Alors, c’est forcément le bon moment désormais de revenir avec notre ambassadeur sur cette course, mais aussi la suite de son programme pour un sportif qui s’avance vers 2022 avec beaucoup d’ambition. Entretien exclusif.

Pierre, comment allez-vous après cette reprise ?

Bien mieux dans tous les cas, parce que j’étais blessé cette année pendant une longue période. J’ai pu faire ma deuxième rentrée sur la toute dernière course de la saison (4e sur l’étape de Coupe du monde d’Abu Dhabi). Heureusement, ça m’a permis de retrouver des sensations et de pouvoir me dire que je vais passer un hiver serein. Enfin !

Appréhendiez-vous ce retour à la compétition ?

Oui puisque je n’avais pas couru depuis six mois. Reprendre par une étape de Coupe de monde n’est pas anodin. Il y avait quand même tous les meilleurs mondiaux. Généralement, c’est mieux de commencer par une course de niveau inférieure pour se mettre en jambes et monter en puissance, mais là je n’avais pas le temps. J’ai donc directement plongé dans le grand bain ! Ça s’est bien passé, je suis ravi.

Avez-vous rempli vos objectifs ?

J’avais plutôt des objectifs de mise en application de comportements de course et de stratégie. Sur le résultat final, je voulais faire du mieux que je pouvais, mais j’étais un peu dans l’inconnu dès la ligne de départ. Je peux dire que mon objectif est rempli en grande partie même s’il y a toujours des détails à peaufiner. Le sport de haut niveau ce n’est jamais parfait, mais on essaie de se rapprocher de l’excellence, et pourtant on y arrive que très rarement (rires). Cette 4ème place est très encourageante et confirme que je vais dans le bon sens ! Je suis assez soulagé et vraiment satisfait.

Le plaisir a fait son retour, lui aussi ?

Bien plus qu’avant, car je suis plus acteur de ma course. Je subis moins et c’est vraiment plaisant de pouvoir peser sur les autres et sur la course en général.

« J’aimerais arriver et être combatif dans la foulée »

Pierre Le Corre

Etes-vous en train d’écrire une nouvelle page de votre carrière ?

C’est vrai que je le voyais un peu comme ça. En mai dernier, j’ai vécu la première grosse blessure de ma carrière (fracture de fatigue). Ma non-sélection pour les Jeux de Tokyo n’a forcément pas joué en ma faveur et cette saison a été vraiment compliquée. C’est quasiment une saison blanche, puis je n’ai pas beaucoup couru ces dernières années. Je voulais me remobiliser et j’ai aussi des objectifs sur les longues distances qui vont arriver. 

Cette course marque le début d’un renouveau, bien que je garde précieusement ce que j’ai vécu et appris avant. Désormais, je passe à un stade supérieur : mes forces et mes attitudes seront différentes. J’ai fortement progressé sur certaines parties de courses, ce qui influe directement sur mon état d’esprit.  

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Physiquement, comment sont les indicateurs après Abu Dhabi ?

Je me sens vraiment bien même s’il y a toujours des choses à améliorer. Ce que je faisais aux séances d’entraînement m’indiquait que j’avais progressé, mais on ne peut le vérifier qu’une fois sur la compétition. C’est le révélateur du travail effectué en amont. Je suis heureux de voir que je ne me mentais pas. 

La course n’a fait que confirmer cette sensation de mieux, une fois encore. On s’entraine pour progresser, prendre du plaisir et avoir des résultats donc mon pari à terme est de gagner des courses. C’est en cela que mon objectif n’est pas encore complètement atteint parce que je veux être dominant. Toutefois, c’était une très belle course de reprise.

Début septembre, vous évoquiez vouloir tester la longue distance (half, Iron man) pendant un an. Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Je suis très excité à l’idée de courir sur des longues distances. C’est une épreuve bien différente, notamment sur la partie cyclisme. La position que l’on doit adopter sur les vélos de contre-la-montre est particulière, elle demande beaucoup de travail. J’aimerais arriver et être combatif dans la foulée. Je pense que j’ai le niveau pour être très performant, d’autant plus sûr des longues distances. Cela induit donc un temps de préparation plus important. Je vais prendre deux ou trois mois supplémentaires pour faire ma rentrée sur cette épreuve.

« J’ai 31 ans, si je ne mets pas un pied dedans aujourd’hui, ça ne se fera pas plus tard »

Pierre Le Corre

Pourquoi pas alterner la courte et la longue distance alors ?

Je crois que je vais continuer la courte distance, mais je veux faire les deux. Aujourd’hui, la courte distance est la discipline numéro 1 du fait de son statut olympique, mais ce n’est pas le cas partout dans le monde. Dans certains pays, le longue distance est plus populaire. À un gros niveau, il y a plus de reconnaissance et davantage de fans. C’est un autre monde finalement. C’est ce qui me botte aussi parce que je veux me tester. Je pense être meilleur, mais rien ne me l’assure. J’ai 31 ans, si je ne mets pas un pied dedans aujourd’hui, ça ne se fera pas plus tard.

Comment s’annonce la fin d’année ?

Il est probable que je fasse seulement des trails, en guise d’entrainement. Je vais plutôt miser sur des stages pour essayer de préparer au mieux la saison prochaine. Je vais avoir du travail, il va falloir faire des études posturales, acheter du matériel et me mettre en œuvre. Prendre ses marques sur du nouveau matériel, c’est un travail de l’ombre qui prend du temps. Je vais confirmer ce programme rapidement. 

L’objectif est d’arriver sur la longue distance sans lacunes. A ce moment là, on pourra faire un premier bilan. Alors, je prends le paris de travailler sur certains points plus amplement, plutôt que d’y aller à 70%. Je veux me rapprocher des 100% au niveau nutrition, préparation mentale et physique. Finalement la longue distance demande presque plus de préparation que le court, en amont du moins.

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