Sacré champion paralympique sur la poursuite individuelle en catégorie C5, Dorian Foulon a concrétisé l’un de ses rêves à Tokyo. Pour Ti Sport, le Breton originaire de La Chapelle Caro a évoqué chacune des courses qu’il a disputées au Japon. Entretien exclusif.
Sa sixième place sur l’épreuve du kilomètre
Comme je l’avais dit avant la compétition, j’ai participé au kilomètre vraiment pour ma mise en condition et rentrer dans ces Jeux. Je n’avais aucune pression, mais c’était aussi un moyen pour moi de voir où j’en étais physiquement. Je bats mon record de près de 5 dixièmes donc j’étais content de cette course. Je savais que j’étais en forme et qu’il n’y avait pas de soucis pour le lendemain (pour la poursuite). Ça m’a rassuré.
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Son titre paralympique sur la poursuite individuelle
Le grand jour ! C’était dur à gérer. La veille, j’ai eu beaucoup de mal à m’endormir, ce qui est loin d’être dans mes habitudes. Au départ, je m’étais surtout focalisé sur le meilleur temps, mais vu qu’au lieu de partir dans la dernière série, je suis partie dans l’avant-dernier, ça m’a mis un petit peu de pression. J’étais obligé de tout donner dès le départ. Surtout qu’on était tous un peu dans le flou sur le niveau de chacun, car il n’y avait pas eu de compétition avant Tokyo.
J’arrive donc le jour J et au moment où je fais mon entrée en lice, je vois que les temps sont extrêmement bas et qu’il va falloir que je sois au top. Je partais avec l’objectif de faire 4min20/4min21. Il fallait tout donner. J’ai vraiment bien géré, car j’ai réussi à faire 4min18 et à être tout de suite dans le rythme. Je bats le record du monde, ce qui est exceptionnel, mais je savais que j’en étais capable.
Quand je vois que je suis qualifié en finale, je ne pense qu’à la médaille d’or. Je reste focalisé sur cette finale. J’appelle alors mon coach. Il me dit qu’il est choqué de mon temps et je vois qu’il est déjà très ému, presque en pleurs. Alors je lui dis tout de suite que ce n’est pas encore fini et que je veux qu’un seule chose : l’Or.
J’étais encore bien dedans et même en finale, je repars sur les mêmes temps que lors des séries et je vois que je suis vraiment bien. J’entends que j’ai 2 secondes d’avance, mais je décide d’accélérer encore pour finalement gagner avec 3/4 secondes d’avance. C’est ensuite l’explosion. C’est un truc énorme. Quand tu réalises que tu es champion paralympique, c’est juste magique.
Je trouve mes cris un petit peu excessifs (Dorian a crié à trois reprises une fois la ligne d’arrivée franchit), mais à ce moment-là, je relâche toute la pression. Je confirme sachant que j’étais champion du monde en titre de la discipline, et à seulement 23 ans, j’arrive à faire ça, avec ce temps digne des valides. C’était ma journée et je ne sais même pas moi-même comment j’ai réussi à être aussi performant. Cette performance est aussi top pour l’avenir. Ça me motive encore plus.
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Sa crevaison sur le contre-la-montre
J’avais pour ambition de faire un podium et j’ai en plus réussi à bien me remobiliser après les nombreuses sollicitations à la suite de mon titre sur la poursuite. J’arrive sur le lieu de l’épreuve et dix minutes avant le départ, quand on descend mon vélo du socle, la roue arrière expose. On change la chambre arrière en latex, sauf qu’à une minute du départ, j’apprends que je n’aurais pas de voiture suiveuse. L’équipe de France a préféré suivre d’autres coureurs vu qu’on n’a pas une voiture par athlète.
Mais 6 km après le départ, alors que j’étais dans les bons temps et que je me sentais super bien sur le vélo, la chambre à air explose à nouveau. J’étais à 45 km/h avec les bras posés sur le prolongateur et juste après une relance, j’ai crevé. J’étais à deux doigts de tomber. Et vu que je n’avais pas de voiture suiveuse, j’ai dû abandonner. C’était très frustrant et ça a été dur à accepter.
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Son abandon sur la course en ligne
Je prends le départ et dans ma tête, j’avais pour objectif d’être médaillé sur la poursuite et sur le contre-la-montre. Je n’étais donc pas focalisé sur cette dernière course. Même si j’étais revanchard après ma crevaison, je suis arrivé un peu trop relâché. Au bout d’un tour, j’étais au taquet et je voyais que je n’avais pas de force ni de sensation. Je lâche très vite le groupe de tête et c’est fini. C’est dommage, mais je vais travailler là-dessus. Il faut que je sois plus fort mentalement. Je repars quand même avec la médaille d’or et je serai champion paralympique pour l’éternité.
Son bilan de ses premiers Jeux Paralympiques
D’un point de vue personnel, je suis super content. Je n’aurais jamais pensé être à ce niveau-là, même en poursuite. Avec le temps que j’ai fait sur cette épreuve, je suis presque aux portes de l’équipe de France valide. Sur la piste, le bilan est très positif, tandis que sur route, je reste déçu pour différentes raisons. La remise en route après ma médaille d’or a été difficile.
Pour le bilan général de ces Jeux, il y avait une super ambiance à Tokyo et les Japonais sont hyper accueillants. Ils nous ont reçus comme des rois. J’espère que Paris sera à la hauteur, mais dans ce domaine là, on a beaucoup de boulot à faire en France. Nous avons aussi ressenti tout l’engouement des médias ainsi que sur les réseaux sociaux. Des gens se levaient la nuit pour nous suivre. C’est un truc de fou. Il y a encore beaucoup de travail à faire, mais l’équipe de Paris 2024 travaille bien. J’ai hâte d’y être.
Je remercie toutes les personnes qui m’ont suivi en Bretagne et partout en France. Je suis très content de mes Jeux et je retournerais au travail à partir de fin octobre pour gagner encore plein de médailles à Paris.