Cette période de trêve internationale est l’occasion de revenir plus en détail sur la carrière de Brendan Chardonnet. Il y a quelques jours, le défenseur central brestois a pris le temps de revenir sur les temps forts de sa vie de footballeur. Entretien exclusif.
« Je n’y pense pas souvent, mais je suis bien sûr très content et très fier. » Voilà la réponse du capitaine quand on lui parle du brassard. Une nouvelle preuve de son humilité, mais également de son amour du maillot. Capitaine du club breton depuis le début de la saison, Brendan Chardonnet est un enfant du pays. Né à Saint-Renan et formé à Brest, il a franchi une à une les étapes avant de devenir un cadre des Ty-Zefs. Mais rien n’a été simple pour un joueur qui a été prêté une saison à Épinal (2015–2015) lorsqu’il était plus jeune et qui est titulaire indiscutable seulement pour la deuxième saison d’affilée.
Toujours prêt à aborder chaque question avec bonne humeur, le numéro 5 brestois s’est confié sur sa jeunesse, son rôle de défenseur, sa promotion en tant que capitaine, mais il nous a surtout parlé de football. Ce sport qui lui permet aujourd’hui d’être le chouchou des supporters et qui pourrait d’ailleurs lui offrir une carrière à la Maldini puisqu’il a prolongé son contrat jusqu’en 2024. Interview du taulier de la défense du SB29.
À 22–23 ans, tu ne jouais pas, comment as-tu vécu ces moments-là ? Est-ce que tu as eu peur de ne jamais réussir dans le football ?
Peur, non, parce que je savais que j’avais fait quelques matchs de Ligue 2 lors de mon prêt à Épinal. Je pouvais donc avoir la possibilité d’évoluer en L2 ou en National. Après, je devais surtout attendre mon heure pour évoluer au sein du Stade Brestois.
Tu vis ta deuxième saison pleine à Brest. Qu’est-ce qui t’a permis d’en arriver là ?
Je pense que pour tous les joueurs, hormis ceux qui sont hors norme, c’est pareil. Il y a des circonstances qui font qu’on arrive à avoir plus de temps de jeu. Il y a eu des blessés, des suspendus et j’ai donc eu plus de possibilités de montrer mon niveau sur le terrain. Je m’étais aussi pris en main en changeant certaines choses, dont le fait de prendre un préparateur physique. La musculation n’a pas tout fait, car l’un ne va pas sans l’autre, mais ça m’a aussi permis d’être meilleur. Les coachs ont aussi vu que je m’investissais beaucoup à l’entrainement.
Son rôle de défenseur central
Comment appréhende-t-on un changement de gardien en tant que défenseur ? (Marco Bizot est titulaire à la place de Gautier Larsonneur depuis cette saison)
Il faut s’adapter parce que chaque gardien et chaque joueur a ses caractéristiques. Marco est plus grand que Gautier, c’est un adepte du jeu au pied, il aime bien recevoir le ballon dans telles conditions. Il y a aussi le changement de langue même s’il parle relativement bien français. Chaque gardien a ses spécificités et même si au début c’était forcément plus compliqué, à force de s’entrainer ensemble, on crée des automatismes.
Est-ce que ça a été difficile à vivre pour toi de ne plus jouer avec Gautier, un gardien que tu connais très bien ?
Oui, ça a été dur pour moi, car Gautier est un ami avant d’être un gardien de Brest. Ça avait aussi été compliqué pour lui de me voir en L2 quand il était titulaire ici. On a cette amitié, mais c’est les choix du coach et il faut les respecter. Je reste très proche de lui et on essaye de le tirer vers le haut, car sa carrière est loin d’être terminée. C’est juste un petit passage à vide. On en parle ensemble et tout le monde sait qu’il n’aime pas cette situation. Mais c’est le cas de tous les joueurs qui sont remplaçants avant un match.
Tu as évolué cette saison aux côtés de Lilian Brassier puis de Christophe Hérelle. Qu’est-ce que tu modifies dans ton jeu en fonction de ton coéquipier en défense centrale ?
Pour moi, ça ne change pas grand-chose, car on s’entraine tous les jours ensemble et on bosse avec tout le monde. Un jour je suis avec Denys (Bain), un autre je serais avec Lilian, puis Christophe. On travaille sur des jeux différents pour savoir jouer avec tout le monde. On a déjà nos repères ensemble, même si c’est surtout en match que ça compte.
Quel est ton dispositif préféré et pourquoi ?
C’est le 4–4‑2. J’aime ce système, car ça permet notamment d’évoluer à deux attaquants. Je trouve que ça met davantage en difficulté la défense adverse qui va devoir gérer deux joueurs et donc moins se livrer. C’est parfois plus compliqué au milieu de terrain, mais c’est ce dispositif que je préfère.
As-tu des rituels d’avant match pour analyser le jeu des joueurs adverses ?
Je regarde les matchs et je sais qui joue, mais je ne vais pas me mettre à analyser le jeu de tous mes adversaires. On connait les qualités des uns et des autres, puis le staff fait aussi de la vidéo de veille de match et en avant match pour mieux résumer les caractéristiques adverses. J’aime bien savoir qui je vais affronter pour m’imaginer un petit peu le match en fonction du profil de chacun. Est-ce que l’attaquant sera plutôt bagarreur ou va-t-il plutôt jouer dans la profondeur, mais après ça s’arrête là.
Tu es aussi un défenseur qui marque (3 buts l’année dernière, 2 cette saison). Qu’est-ce que tu travailles pour être encore plus décisif offensivement ?
C’est vrai que j’aime bien être devant le but adverse. J’ai un bon sens du but. Je ne me retrouve pas souvent devant la cage adverse, mais sur coup franc ou corner, j’arrive à m’imposer donc c’est positif. J’aimerais marquer plus comme le fait par exemple Aguerd à Rennes qui marque 5/6 buts par saison, donc si je pouvais être plus décisif, ça serait top.
Son rôle de capitaine
Être capitaine de son club de cœur, ça doit être un petit rêve qui se réalise…
Je n’y pense pas souvent, mais je suis bien sûr très content et très fier. C’est surtout ma famille et mes amis qui m’en parlent. Quand je me balade au Conquet ou à Plongonvelin, on me dit souvent « salut capitaine », moi ça me fait rire. Je suis un cadre de l’équipe et que j’aie le brassard ou non, je sais que j’ai un rôle important à jouer.
Il y a trois ans, si quelqu’un avait dit que j’aurais le brassard, personne ne l’aurait cru, donc évidemment je suis très fier. Après, ça ne me rajoute pas de pression, car je suis surtout attendu en raison de la dimension que j’ai prise dans cette équipe, et je ne dois plus faire un bon match de temps en temps, mais être tout le temps bon. Les gens attendent plus qu’avant de moi.
Quel type de capitaine es-tu ? Et quels sont les échanges que tu as avec le coach ?
On n’a pas forcément plus d’échanges. On discute, mais ce n’est pas un coach qui parle beaucoup. Il s’exprime souvent au niveau du collectif et rarement individuellement. On parle bien sûr, mais je ne suis pas le capitaine relou qui veut être le chef dans le vestiaire. Je parle bien évidemment, comme le font Paul (Lasne) et Gautier (Larsonneur). Il faut que tout ça reste naturel, car je n’ai pas envie de surjouer.
Comment as-tu vécu avec le groupe l’arrivée de Belaili, qui a eu un énorme impact sur la toile ?
Ça c’est bien passé, en plus il connait bien Haris (Belkebla) donc voilà on l’a bien accueilli comme chaque fois avec un nouveau joueur. On l’a aidé à trouver une maison et maintenant il est installé et il parle bien français, donc il n’y a aucun souci. Ça apporte aussi de l’engouement autour de Brest puisque même à l’entrainement et lors de nos matchs à l’extérieur, on voit des supporters algériens. Le Stade Brestois est davantage médiatisé et c’est une très bonne chose.
Un dernier mot pour les Bretons fans de Brendan Chardonnet ?
Qu’ils continuent de supporter Brest (rires). Je vois que les gens me reconnaissent plus, surtout depuis qu’on a enlevé le masque. Je ne refuserais jamais à un supporter de faire une photo avec lui. Je suis bien sûr content et fier de ça et j’espère qu’on va bien finir la saison. Il faut être confiant !