Arbitre de football depuis 2014, Glenn le Bris a accepté de se confier dans nos colonnes. Le jeune homme de 23 ans est passionné par un rôle pas assez souvent mis en valeur. Il brise la glace en se confiant sans langue de bois.

Leur parole est si rare, mais si importante. L’arbitrage du football français est très souvent décrié alors que Stéphanie Frappart et Clément Turpin font partie des références à ce poste en Europe en étant notamment au sifflet de plusieurs rencontres de haut niveau. 

Du côté breton, il ne vous a sûrement pas échappé que François Letexier, né à Bédée, est au centre du rectangle vert chaque week-end en Ligue 1. Mais il n’y a pas que le football professionnel dans la vie et Ti Sport a voulu également mettre en avant les arbitres de l’ombre en consacrant un papier à Glenn Le Bris, au sifflet depuis 2014 au niveau amateur. Son évolution personnelle, son rôle ou encore les polémiques : il s’est confié. Interview.

Glenn, raconte-nous comment tu en es arrivé à être arbitre ?

Je suis un ancien défenseur et un jour, j’ai eu une longue discussion avec mon père qui m’a dit « mais pourquoi tu ne te mettrais pas à l’arbitrage ?» J’ai réfléchi quelques instants puis j’ai appelé un ami et on s’est mis tous les deux à préparer les diplômes. J’ai obtenu le mien en 2014 et en septembre de la même année, j’arbitrais mon premier match chez les jeunes. J’ai d’abord débuté en district puis à la Ligue jusqu’en 2019.

À ce moment-là, j’ai pu évoluer en étant désormais arbitre chez les Seniors. Pareil, je suis surtout désigné sur des rencontres de D1, D2 ou D3 en tant qu’arbitre principal et il m’arrive aussi d’être arbitre de touche en R2. J’ai également été au sifflet d’un match de Coupe de Bretagne en janvier dernier. J’évolue petit à petit et j’adore ce que je fais !

« J’ai horreur de l’injustice »

GLENN LE BRIS

Comment as-tu vécu ce passage entre les jeunes et les adultes ?

On ne change pas vraiment parce que chez les jeunes, on prend beaucoup d’expérience, puis chez les seniors, on continue d’apprendre aussi à chaque match. Ce n’est pas le même niveau d’âge, mais personnellement, je ne trouve pas que ça change grand-chose. Les jeunes sont réglos et savent que l’arbitre est là pour eux, pour qu’ils puissent jouer. Ils sont quand même très souvent dans le dialogue, même s’il existe toujours des joueurs qui en veulent à l’arbitre de la première à la dernière minute et qui pensent qu’on est tous des « cons ». Ça dépend aussi du match et l’atmosphère qui entoure ce dernier. Chaque joueur est un cas unique.

D’après toi, quel type d’arbitre est Glenn Le Bris ?

C’est une question difficile (rires). Une chose est sûre, j’ai horreur de l’injustice. J’essaye d’être au maximum dans la communication. Quand je siffle une faute, j’explique la raison de mon coup de sifflet. Je reste très ouvert au dialogue. Si un joueur veut échanger, il peut bien évidemment venir me voir. Après, c’est comme pour tout, il y a aussi des limites donc si certains parlent un petit peu trop, je vais alors convoquer les capitaines et discuter directement avec eux. 

Certaines fois, ça part dans les tours avec tous les joueurs et c’est à ce moment-là que mon rôle est aussi de calmer tout le monde. Je ne dis pas que je suis parfait, mais j’essaye d’être dans le jugement et l’interprétation la plus juste possible. Ce sont deux mots très connus dans le monde de l’arbitrage (rires).

« Selon les lois de l’arbitrage, la décision est simple : une insulte est égale à une exclusion »

GLENN LE BRIS

Plusieurs scandales liés à des violences envers des arbitres ont fait la Une récemment. As-tu déjà eu des problèmes ?

Les joueurs, les dirigeants et l’encadrement sont souvent bien à la page de ce que représente l’arbitre. Ils savent également que ce n’est pas toujours simple pour nous d’avoir la pression de certaines personnes donc c’est vrai que j’ai eu très peu de problèmes. Après, j’ai quand même le souvenir d’un match de D2 que j’arbitrais en fin d’année dernière, entre deux équipes du milieu de tableau. L’équipe à domicile a été menée 1–0 tout le match. C’était un petit peu tendu donc j’ai sorti plusieurs cartons jaunes puis l’équipe locale a égalisé dans les dernières minutes (1–1 au final). 

Au bord du terrain et dans le public, j’entendais des insultes et quand j’ai quitté la pelouse, un supporter m’attendait en m’insultant et en me menaçant. Le président a donc dû m’escorter jusqu’aux vestiaires. C’est vrai que ça m’a fait bizarre, mais l’équipe visiteuse m’a dit qu’elle était habituée à des ambiances particulières en jouant ici (le nom du club en question reste confidentiel). Quand les joueurs réagissent un petit peu, je trouve ça normal, mais lorsque ce sont les supporters qui s’en prennent à moi, c’est intolérable !

Il faut quand même aussi nuancer cette histoire, puisque sinon je n’ai jamais eu de gros problèmes alors que ça fait quand même plus de 7 ans que je suis arbitre. J’ai dû mettre entre 5 et 10 cartons rouges pour insultes de la part d’un joueur. Selon les lois de l’arbitrage, la décision est simple : une insulte est égale à une exclusion. Après c’est toujours à l’appréciation de l’arbitre et en fonction du poids des mots, la décision peut être différente. On voit surtout ça chez les jeunes, car chez les séniors, ils sont plus là pour le plaisir de jouer au football. 

Quel est ton avis général sur l’arbitrage français ?

C’est un éternel débat ! Je ne sais pas si un jour, on arrêtera de parler de nous (rires). Je suis favorable à la mise en place d’un micro pour chaque arbitre, comme ça se fait depuis des années en top 14 (rugby). Dès lors qu’on entend les mots de l’arbitre, on comprend mieux sa décision et ça permet aux supporters d’être moins virulents. L’arbitre n’est pas seulement là pour siffler et mettre des cartons, mais aussi pour le bon déroulement du jeu et lutter contre les injustices. Je suis plus mitigé sur l’utilisation de la VAR qui n’arrange pas tout et qui crée parfois même des polémiques. 

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