Le Saint-Grégoire Rennes Métropole Handball est toujours à la recherche d’une salle pour s’entrainer. Et si le club breton ne trouve pas de solution dans les prochains jours, il pourrait être obligé de mettre la clé sous la porte. Entretien exclusif avec Olivier Mantès, manager et entraineur de l’équipe bretonne.
Trois jours après votre communiqué, quelle est la situation actuelle pour le club ?
La situation n’a pas évolué. On n’a pas de retour des institutions rennaises. On sait juste que grâce aux partages sur les réseaux sociaux, le Département a lancé une réflexion en interne, mais on n’a pas d’échange directement avec eux. On a néanmoins eu des discussions avec le président (Philippe Bana) et la vice-présidente (Nodjialem Myaro) de la Fédération Française de Handball qui nous ont apporté leur soutien. Ça veut au moins dire que le dossier est pris en considération par la plus haute compétence de la Fédération. Après, un coup de téléphone ou un soutien c’est bien, mais il faut que des actions suivent.
Quelles sont vos attentes pour trouver une salle ?
On en veut une pour s’entrainer du mardi au vendredi. Soit on trouve quelque chose et on reste un club métropolitain, sinon il faudra changer de collectivité et repenser le modèle économique du club. Mais on ne veut pas de cette solution. Il faut que le club reste sur le territoire de Rennes Métropole. Tout le monde a organisé sa vie autour de son lieu de travail et on ne va pas demander aux filles de faire 70km par jour pour aller s’entrainer. Il faut une solution rapide.
Mais est-ce vraiment possible de voir la fin de l’histoire du SGRMH le 10 septembre ?
Je ne sais pas. Si ça ne change pas, oui. Si on ne peut plus s’entrainer, je ne vois pas d’autres solutions que de dire on arrête. C’est la réalité du moment. On a fait notre préparation à La Ricoquais comme tous les étés et aujourd’hui et vendredi on s’entraine à Acigné donc jusqu’à lundi prochain, tout va bien, mais si mardi on n’a pas de solution, on renvoie tout le monde à la maison. Il faut faire des licenciements économiques et un arrêt de l’activité.
« En un week-end tout a changé »
Olivier Mantès
On a un temps pensé que vous alliez récupérer la salle de Ker Lann à Bruz, que s’est-il passé ?
On était en échange avec le vice-président délégué aux sports du conseil général (Roger Morazin) depuis plusieurs mois. On a fait les démarches auprès des collectivités pour régler ce problème et monsieur Morazin nous a aidés à trouver une solution. En début d’année, il nous a proposé Ker Lann à Bruz qui est une salle gérée par le Département qui avait pour volonté de vendre cette salle à la commune de Bruz qui a ensuite refusé la proposition.
Ils se sont alors tournés vers Rennes Métropole qui a demandé un délai de réflexion jusqu’à décembre prochain. Mais entre temps, les baux de location des occupants ont été suspendus pour ne pas bloquer une possible vente. À partir de ce postulat, on a donc demandé au Département de nous faire un bail de location pour qu’on occupe la salle.
Toute la démarche a été validée avec Monsieur Morazin et on était donc d’accord pour utiliser Ker Lann jusqu’à décembre. Mais en un week-end, tout a changé. On nous a retiré l’attribution de salle et une personne du Département a réaccordé des baux de location à d’autres personnes sans prévenir Monsieur Morazin. On s’est donc retrouvés devant le fait accompli.
Cela veut donc dire que vous n’irez pas à Ker Lann ?
On ne sait pas. Le dossier n’est pas clos de notre côté, mais il n’y a en tout cas eu aucune concertation pour un partage de la salle.
Et maintenant, quelles sont les solutions qui s’offrent à vous ?
On est en train de voir toutes les possibilités et on doit trouver une solution pérenne. Récupérer Ker Lann en est une, mais on en a potentiellement d’autres, même s’il n’y a rien de concluant pour le moment et qu’on n’a aucune visibilité sur les occupations de salle. On a besoin de savoir et de se dire qu’on a été pris en considération. On veut évidemment avoir un site de qualité et des conditions d’entrainement qui correspondent à un niveau de jeu professionnel. Il n’y a rien de concluant pour le moment et on est dépendant des collectivités.
« On n’a pas d’interlocuteur à Rennes Métropole »
Vous avez aussi peut-être fait l’erreur de partir jouer à Saint-Grégoire…
Quel choix avait-on ? Quand on a basculé à Saint-Grégoire, la Ville de Rennes était dans l’incapacité de nous proposer un site de jeu pour pouvoir avoir un développement économique qui nous permette d’être gros. La ville de Saint-Grégoire nous a accueillis et de manière très positive avec la salle de La Ricoquais qui correspondait à notre problématique. Maintenant, la ville de Rennes n’a à aucun moment pris en compte le fait que notre déménagement était une obligation.
Après, si le service des Sports était à Rennes Métropole et non à la Ville, ça aurait pu être plus simple. La on n’a pas d’interlocuteur à Rennes Métropole hormis Vincent Le Breton, qui est chargé de projets en communication et qui ne peut donc pas tout gérer. On est plusieurs clubs avec l’écusson de RMH, mais quand on a des problématiques comme celle-là, on n’a aucune personne vers qui se tourner.
Vous avez donc fait le choix de vous tourner vers le Département et la Région ?
La Région Bretagne est une collectivité qui nous aide énormément. C’est grâce à eux qu’on a un centre de formation professionnelle au SGRMH. Monsieur Pouliquen (vice-président en charge notamment des Sports) notamment est à nos côtés et la il nous aide du mieux possible. Mais maintenant, la Région a aussi d’autres problématiques. C’est un problème local et c’est donc aux collectivités de trouver la solution. La Ville de Saint-Grégoire a aussi fait les démarches pour être à nos côtés.
« La seule façon malheureusement de nous faire entendre, c’est de claquer du poing sur la table et de faire des actions comme on a fait là »
Olivier Mantès
Comment Saint-Grégoire en est arrivé à cette situation-là, de ne plus avoir de salle ?
Quand on a basculé à Saint-Grégoire, nos premiers échanges avec la ville concernaient le créneau d’entrainement du lundi soir et on voulait aussi une salle pour jouer nos matchs le week-end. C’était un plan de survie et la seule possibilité sinon on mettait la clé sous la porte. Il nous fallait un endroit pour développer la partie commerciale et à partir de là, on s’entrainait à Rennes au Lycée Bréquigny.
À l’époque, on était encore un club rennais, mais ça faisait des mois qu’on interpellait la Ville de Rennes en leur disant qu’on n’avait pas des conditions dignes de ce nom. La Ville de Rennes et la Métropole ne nous ont pas entendus et on est resté le petit club qu’on voyait de loin et qu’on mettait de côté.
On a alerté tous les ans sur cette situation instable en disant « attention on n’a pas des conditions d’entrainement qui nous permettent d’avoir un bon développement, il nous manque des créneaux de salle, un lieu d’entrainement » et en fait personne ne nous écoutait. La seule façon malheureusement de nous faire entendre, c’est de claquer du poing sur la table et de faire des actions comme on a fait là. Et là, comme par hasard, on a des échanges qui avancent.
On ne peut de toute façon plus utiliser la salle du Lycée Bréquigny, car elle est trop petite et on a un sol vétuste qui a fait qu’on a eu énormément de blessures aux tendons l’année dernière. Elle n’est plus adaptée à la pratique quotidienne et au terme de la saison dernière, le lycée nous a interdit l’utilisation de la résine. Pour le moment, on se retrouve donc avec La Ricoquais le lundi soir et pour les matchs, et on cherche donc une salle pour les créneaux d’entrainement du mardi au vendredi.
« On se retrouve dans un conflit alors qu’on devrait travailler main dans la main »
Olivier Mantès
D’un point de vue personnel, en tant que manager et entraineur du club, comment vivez-vous la situation ?
Je suis très pragmatique. Il n’y a pas de panique, mais des faits. On joue notre peau tous les week-ends et ça ne me gêne pas d’être sous pression. On fait tout pour trouver des solutions et on se remet au boulot. La pression inhérente de la disparition du club dure depuis 20 ans.
Et comment les joueuses réagissent-elles ?
Ça se passe bien dans le groupe, car les filles ont confiance en nous. Elles voient que notre démarche est juste. Dans les partages qu’on a sur les réseaux sociaux, tout le monde voit qu’on ne demande pas la lune, mais c’est juste normal pour un club pro d’avoir un lieu d’entrainement. Ce qui choque, c’est que ceux qui dirigent ne se rendent pas compte. Il n’y a pas de réactions officielles de la part des décideurs. C’est ça qui me gêne le plus, car ils oublient que la collectivité c’est aussi nous. On se retrouve dans un conflit alors qu’on devrait travailler main dans la main. C’est ça le plus gênant.