Alors que la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques a lieu ce vendredi (13h heure française), Léa Jamelot (kayak) s’est confiée dans nos colonnes. Entretien exclusif avec la kayakiste bretonne.

C’est le jour J à Tokyo ! Reportés de l’été 2020 à l’été 2021, les Jeux Olympiques auront bien lieu, et cela malgré la pandémie qui touche encore une large partie du globe. Si on sait déjà depuis plusieurs semaines qu’ils se dérouleront à huis clos, cela n’impacte que peu (voire pas du tout) l’envie des Français d’y briller. On pense notamment à nos nombreux athlètes bretons qui seront au Japon pour performer. Et parmi eux, une certaine Léa Jamelot. 

La licenciée du club nautique de Quimper Cornouaille, également présente en 2016 à Rio, espère ramener une médaille du pays du soleil levant. Sa participation en K1 200m est surtout là pour lui permettre de monter en puissance avant d’espérer performer en équipe sur l’épreuve du K4 500m. Accompagnée de Vanina Paoletti, Manon Hostens et Sarah Guyot, elle espère faire mieux que sa 12e place en K4 il y a cinq ans. Entretien exclusif avec la kayakiste de 28 ans.

Comment se passe votre stage au Japon ?

Nous avons atterri au Japon il y a une semaine et on a directement rejoint Komatsu depuis Tokyo. On s’entraine ici jusqu’à mercredi prochain avant de rentrer dans le village olympique le 28 juillet. C’est forcément particulier, car nous sommes en quarantaine avec l’impossibilité de sortir de l’hôtel sauf pour s’entrainer à des heures bien précises. 

On a un vigile devant les portes qui surveille tous nos déplacements. On a la chance de faire un sport en extérieur et de voir le jour, car les nageurs ou les judokas, eux, font trois pas dehors et ils montent dans le bus avant d’être dans une salle. 

La Fédération Française de Canoë Kayak était venue plusieurs fois au Japon pour voir notre hôtel et une équipe avait logé ici lors des Championnats du monde en 2009. La FFCK nous a vraiment trouvé un hôtel formidable. Il est très local et typique de ce pays. Nous sommes tous les 8 athlètes ici avec le staff. 

On est au calme et très zen. C’est chouette, car on passe la grande majorité de notre temps à l’hôtel. L’ambiance est bien différente qu’à Rio. J’ai par exemple vu de loin d’autres kayakistes néo-Zélandais, norvégiens ou anglais, mais on se fait coucou de loin et on ne se rapproche pas. C’est vraiment particulier.

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Quel est ton avis sur le village olympique et l’absence de spectateurs ?

J’ai juste vu quelques images comme tout le monde sur les réseaux sociaux. Au self, chacun mange dans son coin et oui ça va être particulier. Ça ne sera pas des Jeux comme ceux qu’on a vécus à Rio, mais on est super content d’être là. On va faire abstraction de tout ça. À Rio, on avait le public du monde entier alors qu’à Tokyo, on savait déjà depuis plusieurs mois que ça ne serait pas possible d’avoir des supporters françaises. 

Les tribunes vides vont nous faire drôles même si ça sera encore plus bizarre en athlétisme par exemple pour la finale du 100m. En natation et en judo, on entend aussi énormément l’ambiance, alors que nous ça dépend des bassins et des tribunes. Ça ne va pas être gênant pendant les épreuves, mais c’est surtout qu’on ne va croiser aucun public. Ça va nous rappeler nos compétitions régionales et c’est l’une des particularités de Tokyo 2020. 

« Je vais tout donner et tenter d’atteindre la meilleure performance possible »

Tu vas vivre tes deuxièmes Jeux Olympiques. Quelles différences fais-tu pour l’instant entre les deux ?

Je pense qu’à Rio, je l’ai vraiment vécu avec les yeux grands ouverts. J’avais comme des étoiles dans les yeux avec cette surmédiatisation et la très bonne ambiance. Le covid n’aide pas, mais c’est moins magique ici. Ça fait moins rêver dans le sens où je vois cette compétition plus comme une compétition normale. Je vais tout donner et tenter d’atteindre la meilleure performance possible, mais je ne l’idéalise pas. C’est comme un Championnat du monde ou un Championnat d’Europe. 

Ça me fait aussi du bien d’être dans cet état d’esprit, car il faudra faire comme lors d’une étape de Coupe du monde. On a déjà gagné des médailles en K4 et j’ai envie de performer. Ça ne veut pas dire ne pas profiter de l’évènement, car c’est grandiose et que j’ai envie de vivre le truc à fond, mais j’ai bien les pieds sur terre et je sais ce que j’ai à faire.

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Est-ce que tu penses que sur le K4 vous êtes mieux armées qu’en 2016 pour remporter une médaille ?

On a très peu de repères parce qu’on a fait toute l’olympiade avec un K4 performant, mais Sarah (Troël) a décidé d’arrêter et c’est donc Vanina (Paoletti) qui intègre l’équipe. On a couru une seule coupe du monde ensemble en plus des Championnats d’Europe avec à chaque fois une septième place. 

Nous avions très peu de bagages communs dans les pattes, mais depuis on a bien travaillé et je sens qu’on a de meilleures sensations. C’est super dur de savoir à quel niveau on est par rapport à la concurrence. La première étape sera déjà de réussir à atteindre la finale et après on sait que tout est possible. Nous avons une chance de gagner une médaille comme beaucoup d’autres bateaux.

Quel sera ton objectif en K1 200m ?

Cette course va surtout m’aider à bien rentrer dans la compétition. Qu’on se le dise, je n’ai pas de chance de médaille. Je veux en profiter pour prendre le bon rythme. Sur les sélections équipe de France, j’ai fini troisième derrière Vanina et Sarah et j’ai été championne de France l’année dernière. 

À Tokyo, Vanina s’alignera aussi sur ce K1 200m. Je vais essayer de m’engager à fond même si je n’ai pas encore réussi à performer sur ce genre de format en course internationale. Je donnerais le maximum. Après, je le répète, mon objectif principal est sur le K4. 

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